05 Mai Témoignages sur le travail en mode confiné : çà peut marcher !
. Depuis des années, notre métier nous conduit à accompagner individuellement un certain nombre de personnes, que ce soit en présentiel ou à distance. Nous avons pu recueillir ces dernières semaines – à distance – les témoignages d’un nombre conséquent d’expériences de travail en confinement, ce qui constitue par les temps qui courent une matière précieuse à travailler.
Parmi ces témoignages, certains nous ont fait part de leur satisfaction à vivre cette période, et de leur souhait de voir la relation professionnelle évoluer pour que les gains observés puisent perdurer. Oui, pour ces personnes, le confinement est professionnellement essentiellement bien vécu.
Pour d’autres, c’est le contraire, et leur colère, leur désarroi, quand il ne s’agit pas d’épuisement, était palpable. Que se passe-t-il alors pour ces personnes là ? Qu’est-ce qui fait la différence avec les premiers cités ? Dans un prochain article, nous vous rapporterons donc aussi leurs propos, pour mieux analyser, sur le fondement de leur vécu, ce qu’il ne faut pas faire et proposer des alternatives.
Mais pour commencer, intéressons-nous à quelques-uns des ingrédients professionnels d’un confinement réussi.
Obligation de responsabiliser et de se responsabiliser – autonomie
“Un truc que je remarque : du fait de la situation les personnes ne passent pas leur temps à me demander de valider telle ou telle option : les gens décident davantage, s’autonomisent et…çà marche ! Je veux absolument que cela continue !”
Le travail à distance peut exiger davantage d’autonomie dans la recherche de solution. Il faut profiter de cette exigence, qui constitue une bonne opportunité pour responsabiliser les personnes et leur donner confiance en elles. N’oubliez pas, si elles évoluent, s’améliorent, de clairement les féliciter.
Prise du recul
“Je profite de cette période pour donner davantage de place à ma vie familiale dans la journée, mais aussi à moi-même ! Je me donne le temps de prendre un cours de Yoga, quand c’est possible !”
“Ce temps récupéré permet aussi de réfléchir davantage à mon métier, à mes difficultés.
C’est une période qui me permet de prendre du recul, de mener des réflexions que je n’aurais pas menées en temps normal.”“Alors moi, mon conjoint est aussi en télétravail à la maison. Ben, en fait, c’est chouette ! On partage comme jamais sur nos boulots, de façon concrète et franchement, on s’apporte mutuellement des choses !”
Le confinement, c’est l’art de mixer des moment très différents : un “nous professionnel”, un “nous familial”, un “nous conjugal”, sans s’oublier soi-même, entre soi et soi : sport, lecture, manucure, bricolage, etc. Ce mix exige de communiquer pour donner à chacun le sens de ce que vous avez besoin de réaliser, de ce qui pour vous est négociable et ne l’est pas. Idem pour ceux qui partagent le confinement avec vous; il s’agit donc de négocier, donc de prendre et de donner, d’expliquer et d’accueillir les explications, de comprendre, etc. La vie !
Davantage d’authenticité et de confiance
“On a mis des rituels en place : on se connecte ensemble à telle heure, à deux, trois, quatre, etc. et on se demande des nouvelles, on en sait davantage sur ce que chacun vit, c’est plus authentique ! Finalement, le virtuel génère davantage d’humain ! En fait, on arrive à vivre de bons moments de discussion. C’est dingue, grâce au virtuel, on se connait mieux ! Franchement, j’aurais pas cru.”
C’est là bien l’avantage des situations difficiles : elles peuvent rapprocher les personnes, qui chacune de leur côté vivent des moment qui ne sont pas simples, et de fait, par convivialité, amitié ou simplement pour expliquer son contexte, parlent volontiers d’elles et de ce qu’elles vivent. Une bien chouette évolution, à conserver lors du retour à la normale, d’autant qu’au delà des bons sentiments, pareilles relations sont productrices de confiance – meilleure perception de l’authenticité de l’autre – et d’intelligence collective.
Relation avec nos fournisseurs – meilleur accompagnement de notre part
“Le contexte, du fait de la distanciation et des risques de santé, fait que l’on pose davantage de questions : comment allez-vous ? Comment êtes-vous impactés ?… Ces questions sont plus sincères qu’à l’accoutumée parce que les risques existent et que nous savons que bien des entreprises sont sévèrement touchées. Alors, quand on communique avec un partenaire, un fournisseur, on lui demande davantage de ses nouvelles, mais on est aussi souvent obligés de trouver des adéquations nouvelles dans notre façon de collaborer. Du coup, chacun se sent en devoir de trouver des solutions, on se rend compte combien on a besoin les uns des autres. Oui, finalement, cette galère nous rapproche.”
Un peu comme ce que l’on a évoqué juste au-dessus, mais ici tourné vers l’extérieur. C’est comme cela que “donneur d’ordre” et sous-traitant – les mots ont leur sens ! – deviennent davantage, tout simplement, partenaires. Cela, à n’en pas douter, au bénéfice des résultats.
Depuis le confinement, davantage de proximité, d’échanges : on apprend à se connaître
“Chaque jour, mon boss et moi prenons 30 minutes pour faire le point. C’est toujours l’occasion de parler de notre contexte, mais pas seulement professionnel. Faut savoir, qu’il a 5 enfants, et qu’en mode confiné, ce n’est pas de tout repos. Du coup, il s’appuie davantage sur moi, parle aussi davantage de lui, de ce qu’il vit; notre relation est devenue plus humaine au bénéfice de la confiance mutuelle… Dommage qu’il ait fallu cette situation pour vivre cette proximité tellement plus agréable !”
Oui, on le constate là encore, les crises, les difficultés plus généralement, peuvent bâtir de vraies équipes. Ces deux-là aussi sont clairement en train de devenir des partenaires, indépendamment de leur lien de subordination. Et il y a fort à parier que leur relation se soit durablement positivement transformée.
Outils de collaboration – approche plus collaborative
“Avec le confinement, on n’a pas eu le choix : c’est du travail à distance, en virtuel, sinon rien ! Cà nous a obligé à découvrir de nouveaux outils de travail – essentiellement outils de visio et de documents partagés – et à en apprendre le mode de fonctionnement. Je suis devenue une championne de Z… et de G… D…, tandis qu’auparavant je ne voulais pas en entendre parler !
En plus, ces outils développent le partage : partage d’écran, de documents… Au final, on fait plus attention à l’autre, à ce qui est dit, on est plus concentré.”
Et la lumière fut ! Ce mode de fonctionnement présente bien des avantages, faut-il seulement s’approprier le fonctionnement des outils adaptés et adopter une attitude professionnelle en phase avec les capacités qu’offrent ces outils géniaux. Open your mind !
Envie que cela continue de cette façon !
“Alors bien sûr, ça ne remplace pas la relation… Mais franchement, je me rends compte que l’on peut faire plein de choses sans forcément se déplacer – j’habite à 1h15 de mon lieu de travail – jusqu’au bureau. Puis, on est plus concentrés dans la relation de travail, on s’écoute mieux, c’est plus calme et finalement plus efficace. La minute de boulot est mieux rentabilisée !”
La minute de boulot est mieux rentabilisée… Cette constatation ouvre bien des possibilités. Soit, à quantité de travail égale, dès lors que l’on peut travailler à distance, les résultats seront meilleurs, même s’il convient de prendre garde au fait que travailler à distance exige davantage de concentration et génère donc davantage de fatigue; soit, pour des résultats identiques, il est possible de travailler…moins, et de faire davantage de choses dans la journée. Mais pour obtenir cela, encore une fois, il faut adapter la relation aux capacités des outils : parler à tour de rôle en prenant soin de ne pas monopoliser la parole; être aimable; tenir compte de ce que l’on entend; veiller à son impact…
Une fois encore, ces témoignages sont réels, authentiques; ils démontrent que, même avec les difficultés inhérentes au confinement, le travail à distance peut, pour certains, s’avérer positif : confiance, complicité, efficacité, cohésion, etc.
Le confinement est une version très difficile à appréhender du travail à distance. Il convient alors de tenir compte du contexte personnel de vos collaborateurs ou managers qui peuvent se trouver lourdement impactés par la période : famille nombreuse, sentiment d’isolement, personnes proches touchée par la maladie, deuil, charge mentale, etc.
Dans ces témoignages, c’est parce que de tout cela il est tenu compte que la relation professionnelle demeure performante, en dépit des difficultés inhérentes à ce moment si particulier.
A défaut, la relation professionnelle à distance peut devenir un véritable enfer.
La prochaine fois, nous vous ferons part de témoignages de situations moins réjouissantes, pour que l’on puisse en comprendre la nature, l’origine, et présenter des pistes pour éviter ces contre-performances.